La protection du consommateur est l'un des deux objectifs principaux de la sécurité sanitaire des aliments, le second étant l'exportation des produits agroalimentaires et agroforestiers. Cependant, il existe un vide à combler en termes de législation et de réglementation. Conscientes de la dégradation de la situation du Burkina Faso en matière de sécurité et de qualité des aliments, les autorités tentent de redresser la situation. Pour ce faire, un certain nombre de mesures sont mises en œuvre. Celles-ci vont du simple renforcement des capacités et de la sensibilisation des acteurs de la transformation des produits agricoles et forestiers, à l'élaboration de lois et de règlements, au développement de normes nationales et à l'utilisation des normes du Codex Alimentarius, et enfin à l'élaboration du Plan national d'intervention d'urgence en matière de sécurité sanitaire des aliments.
Au Burkina Faso, le Laboratoire national de santé publique et l'ABNORM sont les principaux organismes de contrôle chargés de la surveillance du marché et du suivi de la qualité des produits dans le pays. Le premier délivre le certificat de qualité sanitaire pour les produits alimentaires importés, tandis que le second délivre le certificat national de conformité. Malgré ce système, le contrôle des produits est quasiment inexistant. Au niveau des entreprises, les produits agroalimentaires transformés ne sont pas contrôlés avant leur mise sur le marché. La qualité des produits alimentaires consommés au Burkina Faso, et même dans la sous-région, pose un véritable problème de santé publique.
Le « Développement de la valeur ajoutée des filières agricoles au Burkina Faso (VAFA) » était un projet national d'assistance technique décentralisé financé par l'Union européenne avec une contribution financière du gouvernement du Burkina Faso, de l'AFD (France) et de DANIDA (Danemark). Le projet VAFA a permis de développer un environnement économique et technique des filières agricoles favorable à l'accroissement des échanges et du commerce, notamment en ce qui concerne l'application du droit des affaires, la réglementation sur les normes et la sécurité alimentaire, les « produits de niche » (labels de certification des produits, IG, agriculture biologique), et le cadre juridique de l'agriculture contractuelle. L'approvisionnement des centres urbains du Burkina en produits sains et de qualité a été amélioré par une diversification durable de l'agriculture. Le développement inclusif de la transformation et de la valorisation en aval des produits agricoles, ainsi que la promotion des exportations, conformément au Plan national de développement économique et social, ont contribué à la réduction de la pauvreté.
De 2018 à 2023, AFC a mis en œuvre la composante institutionnelle 3 pour appuyer la Direction générale de la promotion de l'économie rurale (DGPER) dans la coordination globale du projet VAFA avec ses trois composantes. La mise aux normes nationales et internationales des produits et le développement de l'agriculture contractuelle pour sécuriser les approvisionnements des entreprises de transformation ont constitué le point de départ de l'approche filière de la composante 3. En particulier, un soutien a été apporté aux acteurs qui ont résolument commencé à mettre leurs structures en conformité avec les exigences en matière de certification et d'étiquetage. Les activités comprenaient la formation de formateurs en matière de sécurité alimentaire et de santé des plantes en utilisant des procédures de référence en matière de gestion de la qualité telles que HACCP, GMP, GFSI et RSAC et équivalents, ainsi qu'un soutien général aux opérateurs dans les systèmes de contrôle de la qualité. Le renforcement des capacités des organisations d'agriculteurs en matière de bonne gouvernance, de gestion coopérative, administrative, financière et managériale a été entrepris. Le diagnostic des systèmes de contrôle, de mesure et d'analyse, l'analyse de la réglementation et de la législation en matière de sécurité alimentaire, l'identification des opportunités de développement des produits de niche au Burkina Faso, l'appui à la mise en place de projets d'étiquetage pour les indicateurs géographiques et les produits biologiques, et les contacts avec les marchés d'exportation dans la région de l'UEMOA et de la CEDEAO ainsi qu'à l'échelle internationale ont été menés. Une étude supplémentaire a été consacrée à l'Organisation pour l'harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA), qui favorise le développement économique en Afrique occidentale et centrale en créant un meilleur climat d'investissement.
Parmi les chaînes de valeur émergentes identifiées dans la stratégie nationale de développement des chaînes de valeur, les produits de niche que sont le gingembre, le soja et le piment ont été sélectionnés pour analyser les possibilités de développement et formuler des recommandations à l'intention du partenaire. Pour les trois produits de niche, il a été proposé de créer des labels géographiques.
Le gingembre séché actuellement vendu sur le marché ne répond pas aux normes d'hygiène et de transformation. Il n'est ni nettoyé ni séché correctement. Dans les supermarchés, on trouve du gingembre séché entier et en poudre, importé de Chine et d'Inde. Il a été recommandé d'établir une ligne directrice de production par l'intermédiaire de l'interprofession, de créer un label et d'introduire des normes de traitement du gingembre conformes au Codex Alimentarius. Pour l'huile essentielle, l'utilisation d'emballages neufs et transformés plutôt que d'emballages en vrac ou recyclés devrait être encouragée afin d'améliorer l'hygiène et la sécurité alimentaire.
La production locale de tourteaux de soja pour l'alimentation des volailles ne peut répondre à la demande locale, ce qui entraîne des importations et des prix élevés, qui affectent la compétitivité de l'industrie avicole. Par conséquent, le tourteau de soja devrait être inclus dans le kit d'intrants du programme de subvention de l'État. La production d'huile de soja est marginale, malgré ses qualités, alors que le Burkina Faso importe beaucoup d'huile alimentaire. De ce fait, la production et la transformation du soja en huile devraient être encouragées et l'huile labellisée, ce qui permettrait des recommandations dans les commandes publiques institutionnelles.
Toutes les variétés de piments sont produites et transformées. Cependant, les variétés typiques du Burkina Faso ne sont pas valorisées. Sur la base des caractéristiques spécifiques de la variété utilisée, le label IG « Piment du Burkina » devrait être créé.
La labellisation des produits agricoles, sur la base d'un cahier des charges définissant des exigences (caractéristiques nutritionnelles, sanitaires, organoleptiques, environnementales et/ou sociales), favorisera l'accès de ces produits à des marchés dits de niche, leur permettant de se différencier de la concurrence. Lors de la mise en œuvre des mesures sanitaires proposées pour garantir une certaine norme, l'étiquetage rendra ces produits compétitifs sur le marché.
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